Alkhôves (2016-2019)

Le verbe éblouir signifie à l’origine faire bleu devant les yeux, on y rattache également le terme allemeand blôdi qui signifie interdit.

 

Changer de technique, d'inspiration.

Les dorures et l’éclat de l’or m’ont toujours fascinée du fait qu’en fonction de la lumière, ils offrent une vision différente de la surface qu’il recouvre. Pour le mettre en valeur j’ai fait le choix de la couleur bleue. Après avoir longtemps travaillé dans des couleurs plutôt chaudes et vives, il était intéressant d’explorer le potentiel à la fois pictural et émotionnel de cette couleur souvent associée à la mélancolie.

Si certaines toiles abordent des thématiques personnelles dignes de secrets d’alcôves, la plupart nous renvoie à l’imagerie religieuse. Ces classiques de l’histoire, repris par des artistes de toutes époques confondues, m’ont fait basculer sur du grand format (165×140 cm pour la Pietà, 175×200 cm pour le Baptême du Christ). Ici les personnages sont bleus, une couleur cherchant à abolir les couleurs selon lesquelles nous répartissons les humains (noir, blanc, …jaune…etc). Une couleur qui se veut plus spirituelle que physique. On retrouve cette notion avec le terme indigo qui renvoie à des personnes, souvent des enfants, d’une grande intelligence et à la sensibilité très développée.

Présentées pour la première fois à la pool Art Fair 2017 les oeuvres de la série Alkhôves ont ensuite été exposées au Fort Fleur d’épée, à la Maison du Patrimoine et à la galerie T’n’T.

Au travers de ces différentes toiles, c’est la représentation humaine que je tente d’apprivoiser, quelque soit la thématique. 

Ci-contre  » Le passage de la Mer Rouge » 200×175 cm

Ci-dessous exposition restaurant EYWA Jarry 

« Le génie soufre »

Acrylique et or pur sur toile

140×165 cm

La posture du génie est inspirée du Christ de « L’Ascension », un tableau de Carlo Franscesco, exposé au Musée des Beaux-arts de Bordeaux. Nous nous trouvons ici dans un décor où la végétation est totalement absente (contrairement au reste de la série), un paysage sulfureux rappelant l’ambiguïté des pouvoirs du génie. Son corps à la fois vaporeux, souple et charnel évoque celui d’un serpent ondulant au milieu de cet univers acide et corrosif. Dans la tradition orientale le génie ou djinn, prisonnier de la lampe qui l’abrite. Et ses pouvoirs, aussi vastes qu’ils soient, ne lui permettent pas de se libérer lui-même, d’où la souffrance qui en découle.

Illustrations du recueil de poèmes " La tendresse se niche pour survivre" tome 1 (M.Romanos)

Série "GIVE HANDS" (Pool Art Fair 2017)

Mémoire reptilienne

« Mémoire reptilienne »

Acrylique et poudre d’or sur toile

140 x 140 cm, 2018

Musée des Beaux-Arts de St-François

 

Beaux-arts Magazine

Hors-série spécial 10 ans de la

POOL ART FAIR 

beaux arts magazine hors série

Scène au cadrage évident, « mémoire reptilienne est une oeuvre classique. Avec sa végétation tropicale omniprésente, ses faciès métissés, cette toile réalisée en 2018 est représentative de la série « Alkhôves » (2016-2019).

Inconscient chrétien oblige, beaucoup ont vu dans cette oeuvre une représentation d’Adam et Eve au Paradis. Il est plutôt question ici du couple primordial masculin/féminin auquel vient s’ajouter la composante animale illustrée par le serpent. De cette aube de l’humanité proviennent nos attitudes comportementales, c’est cette mémoire archaïque que l’on nomme mémoire reptilienne. Si la référence biblique a su conserver la notion d’origine, elle l’a fait de façon négative (le mal, le péché)… ce qui n’est pas le cas dans de nombreuses parties du monde : en Afrique, en Amérique du Nord ou du Sud, en Asie, le serpent est un symbole positif qui évoque la fertilité, la guérison, la transmission du savoir. 

C’est cette ambivalence que l’artiste a souhaité mettre en évidence, c’est pourquoi le serpent apparaît comme le fil conducteur de l’oeuvre. Tel le serpent se mordant la queue, le regard du visiteur peut suivre un mouvement circulaire : il remarque ainsi la présence du serpent dans la chevelure de la femme (rappelant les dreadlocks ou la Méduse de la mythologie grecque), sur son ventre (rappelant le cordon ombilical ou évoquant un patriarche génétique) et enfin sur le corps de l’homme (des sortes d’écailles renvoyant à un être hybride mi-homme, mi-serpent).

Cette oeuvre est exposée de façon permanente au Musée des Beaux-Arts de St-François

Mémoire reptilienne 2 (Sérenité)

Oeuvre de 2019 (vendue), Sérénité fait écho à « Mémoire reptilienne » et présente un classique portrait de famille. Symétrie et équilibre sont mis en évidence par les deux soleils brillant de chaque côté du tableau. Les membres de la famille présentent par endroits des écailles sur la peau au milieu desquelles on distingue des points. Ce sont les points du système d’écriture braille et on peut lire sur sur personnage une correspondance: 

Mère : FAITHFUL (la confiance)

Fils : HOPE (l’espoir)

Père : SAFETY (la sécurité)

Fille : JOY (la joie) 

« AYUDA LE VEILLEUR » 

140×240 cm, acrylique sur toile

Oeuvre au décor végétal particulièrement travaillé et peinte  sur une toile à la trame ouvragée, fait partie de la collection Région Guadeloupe. La tête du personnage allongé placée en bas d’arbre épineux, l’autre personnage assis lui au pied d’un arbre imposant qui semble veiller son sommeil…rendent cette oeuvre singulière.

 

 

 

 

 

Etude préparatoire pour AYUDA LE VEILLEUR.

 

 

 

 

 

Etudes préparatoires pour AYUDA LE VEILLEUR,

Ce lien silencieux (compréhension progressive menant au respect) qui s’instaure entre deux hommes dépassant le  rapport de force physique, m’ interrogé, inspiré. On le retrouvera au début de la série « NEO BLUE » avec la toile AYUDA JACTA EST

A travers les époques, un dialogue silencieux se crée entre les artistes, entre les oeuvres.....INTEMPOREL

Avec « Le déjeuner sur l’herbe »  (1863, 214×270 cm huile sur toile, Musée du Louvre), Manet traite comme beaucoup d’autres peintres avant lui, le nu féminin. En plaçant ce nu féminin entouré d’hommes, qui, eux sont habillés l’artiste donne à cette oeuvre une touche de modernité qui a fait scandale à son époque.

La toile « Le Paradis » a été la première de la série de grands formats. Ici la référence à Manet tient plus de la forme que du fond….quoique.

Dans ce trio de personnages on peut voir un couple à gauche et un homme face à eux qui tend un fruit. La femme, elle, a déjà un fruit dans la main. Le titre (prémonitoire?) laisse deviner qu’il s’agit d’une tentative de séduction à venir ou déjà consommée et renvoie à l’épisode de la tentation biblique.

L’attention portée aux personnages comme valeurs propre à la composition picturale.

L’importance de la netteté des contours.

Pour l’autodidacte que je suis, mettre en oeuvre, ces éléments que j’admire chez Manet,  a nécessité plusieurs étapes car en 2017 : TOUT est nouveau pour moi: réaliser des châssis, tendre et enduire la toile puis aborder la représentation figurative du corps humain. C’est à partir de 2020 avec NEO BLUE qu’une certaine technicité viendra renforcer la soif de peindre initiale.